Une relation étroite
Peut-être nous croyons que notre santé n’a rien à voir avec notre attitude mentale. Peut-être nous pensons que quand nous avons tel ou tel sentiment, cela n’affectera pas nos vies. C’est pourtant une grave erreur.
Tout ce que nous croyons et pensons nous touche très profondément et influe sur nos vies, notre santé et même notre bonheur. Nous désirons donc comprendre quelle relation ont les pensées que nous avons avec notre état de santé physique et émotionnelle, notre succès ou notre échec dans la vie, notre bonheur ou notre malheur. L’empereur Marc-Aurèle aurait dit à une occasion : « Votre esprit sera comme vos pensées habituelles, car l’âme se teint de la couleur de vos pensées. »
La pression de la vie
Nous vivons dans un monde hostile. Tout autour de nous a un poids d’agressivité potentielle : les guerres, la violence, les catastrophes naturelles, les maladies, la pollution de la planète, la pollution de la nourriture, etc. Mais au milieu de toute cette pression, de tout ce qui nous entoure, ce qui nous affecte et blesse peut-être le plus c’est l’agressivité de l’être humain envers l’être humain.
Le poids de l’agressivité humaine est lourd. Il semblerait que nous le portons dans notre sang. Nous avons tous vécu dans notre vie certaines expériences dans lesquelles nous avons été attaqués ou nous même avons attaqué. Je connais personnellement des cas de gens abandonnés ou maltraités par leurs parents quand ils étaient enfants ; des gens qui ont vécu des situations douloureuses de la part de leurs conjoints, ou leurs amis, ou la famille, lors de situations particulières de la vie et aussi des gens qui ont été blessés dans l’église par un frère ou une soeur, etc.
Ces gens n’étaient pas heureux, ils portaient un fardeau de haine qui les détruisait petit à petit chaque jour ; ils avaient un caractère amer, aigre, toujours accompagné de ressentiment. Ils avaient décidé de peindre leur esprit d’une couleur désagréable. Qu’est-ce que cela signifie ?
Définition de la haine
Nous devons comprendre ce que signifie ce sentiment négatif. La parole haine vient du latin « odium », et c’est l’antipathie et l’aversion que quelqu’un a pour une autre personne et c’est vouloir nuire au sujet ou à l’objet haï. Notre nature humaine nous amène à essayer d’éviter ou à détruire ce que nous détestons. La plupart des crimes ont été commis par des gens qui ont teint leur esprit d’une couleur négative. La haine et tous ses synonymes tels que la colère, le ressentiment, l’hostilité, l’aversion, le mépris, l’antipathie, etc., sont des sentiments qui nous détruisent si nous les cultivons en nous. La haine est le contraire de l’amour. La haine peut aussi être traduite par l’indifférence envers les gens que nous aimerions punir car ils nous ont fait du mal. Pour de nombreux experts, la haine est une intoxication psychique qui empoisonne l’être et c’est nous qui décidons de prendre ou de ne pas prendre ce poison.
La neurobiologie nous dit que la haine et l’amour partagent les mêmes structures cérébrales, ce qui explique qu’il n’y a qu’une ligne très fine de démarcation entre la haine et l’amour. L’étude à laquelle nous nous référons, a été réalisée par le laboratoire de neurobiologie à l’University College de Londres (1). Utilisant plusieurs bénévoles qui devaient regarder des photos de gens qu’ils détestaient, les scientifiques ont découvert qu’un certain nombre de circuits étaient actifs dans une zone du cerveau qui partage certaines structures associées à l’amour. Comme c’est intéressant ! Cela expliquerait pourquoi les gens qui aimaient et admiraient quelqu’un très intensément, au moment où celui-ci faisait ou disait quelque chose qui les dérangeait, blessait, ou tout simplement ne les aimait plus, leur haine pouvait devenir aussi intense qu’était leur amour s’ils décidaient d’avoir des pensées négatives.
Donc, si nous choisissons d’aimer ou de haïr quelqu’un, la réaction du cerveau se produira dans le même secteur, mais l’impact sur nos vies sera totalement différent. En fait, cette étude montre que les gens qui haïssent sont beaucoup plus dangereux que l’on ne le croyait auparavant, qu’ils sont très efficaces dans le calcul de leurs actions pour nuire à la personne détestée, pour planifier des comportements agressifs, pour évaluer, prévoir, anticiper les réactions des autres ou cacher les leurs.
Dans la Rome antique, à cause de la haine qu’il y avait contre eux, il avait été décidé de persécuter et d’exterminer les chrétiens. En 64 ap. JC, un incendie détruisit 10 des 14 quartiers de Rome. L’empereur Néron fut accusé d’en être l’auteur, mais il en blâma les chrétiens. C’est à ce moment-là qu’une grande persécution commença contre eux et durant cette époque des milliers de chrétiens furent tués, parmi eux Pierre et Paul. Les chrétiens qui étaient condamnés à mourir étaient exposés au ridicule, ils étaient recouverts de peaux d’animaux et jetés dans les arènes des cirques romains. Les citoyens romains étaient conviés à venir voir comment ils étaient crucifiés, ou déchirés par les animaux sauvages, des lions, des tigres, des chiens, ou brûlés vifs comme des torches pour éclairer la nuit.
Les gens ressentaient une haine amère envers le christianisme et envers ceux qui le professaient parce qu’ils avaient été amené à croire que tous ces gens étaient des criminels, des infanticides, des incestueux, des menteurs, des rebelles, bref des gens extrêmement dangereux. En fait ce qui s’est passé, c’est que les chrétiens avaient refusé d’adorer les dieux officiels de l’empire et ne reconnaissaient pas la divinité des empereurs ; cette situation déstabilisa les pouvoirs politiques et religieux de ce temps-là. D’autre part, en prêchant l’amour et l’égalité entre tous les hommes, les chrétiens attaquaient les ordres cruels de l’Etat avide de conquêtes.
Le tribunal de l’Inquisition, au-delà des explications données pour le justifier, est né de la haine et pour la haine. Des millions de gens furent exécutés par cet organisme. Ils furent soulevés à la poulie, à la potence, à l’échafaud ; ils furent impitoyablement torturés, mourant sous la torture, sur le bûcher, sciés, pendus ou écartelés. Quel terrible paradoxe ! Des gens qui prétendaient servir le Dieu de l’amour, matérialisaient leur haine contre d’autres chrétiens en les faisant mourir d’une mort atroce.
Parlons maintenant du nazisme. Comment un sentiment antisémite si profond et cruel put naitre parmi la société de ce temps-là ? La haine détruisit durant l’attitude passive de la population, plus de six millions de Juifs, parmi lesquels des bébés, des enfants, des adolescents, des femmes enceintes, des personnes âgées qui n’avaient rien fait de mal à personne. Les camps d’Auschwitz, de Dachau et d’autres camps sont la preuve sans équivoque des conséquences de la haine dans l’esprit. Rien ne se forge dans nos esprits sans notre consentement donc ce qui détermine la qualité de notre vie dépend de notre choix. Cela exclut catégoriquement la théorie du destin, dans laquelle les responsabilités sont soi-disant éliminées et qui est en opposition au libre arbitre qui implique que chaque personne est capable de choisir volontairement ses pensées et ses actions, construisant ainsi son destin.
D’autre part, nous devons démystifier le fait que beaucoup de chrétiens croient que c’est à cause du diable qu’ils pèchent. Voyons ce que l’Esprit de prophétie nous dit : « Il ne peut nous vaincre sans notre consentement. Il peut plonger dans la détresse l’âme qui lui résiste, mais il ne peut l’obliger à faire sa volonté ; il peut l’accabler, mais non la souiller. » – La tragédie des siècles, p. 555. C’est ce que la Bible enseigne : pour faire le bien comme pour faire le mal, nous devons y acquiescer et donner la permission soit à Dieu soit à Satan.
L’origine de la haine
Compte tenu de toutes ces choses, nous devons nous poser la question : Pourquoi haïssons-nous ? La réponse est dans la Bible : A cause du péché. Notre nature, après la chute, a changé et est devenue pécheresse. Le coeur de l’homme n’est pas bon par nature, comme on veut nous le faire croire, mais il a tendance au mal. Cela ne signifie pas que nous devrions faire le mal par obligation ; mais nous devons comprendre que notre tendance naturelle nous amène à faire le mal et non le bien : « Les pensées du coeur de l’homme sont mauvaises dès sa jeunesse. » Genèse 8 : 21.
David, accablé par le poids du péché qu’il avait commis avec la femme d’Urie, s’exclama : « Voici, je suis né dans l’iniquité, et ma mère m’a conçu dans le péché. » Psaume 51 : 5. Il reconnaissait que les enfants naissent avec comme héritage la propension au mal. Ce n’était pas une excuse, sinon un cri qui montait au ciel demandant de l’aide, de la miséricorde et le pardon. Le prophète Jérémie présente ainsi la nature humaine : « De même, pourriez-vous faire le bien, vous qui êtes accoutumés à faire le mal ? » Jérémie 13 : 23.
Notre Seigneur Jésus-Christ a enseigné la même vérité : « Car c’est du dedans, c’est du coeur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les impudicités, les meurtres, les vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans, et souillent l’homme. » Marc 7 : 21-23. En tombant dans le péché, Adam et Eve acquirent la nature déchue de Satan. Jésus, en se référant à cette nature, dit aux Juifs qui le détestaient : « Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement… » Jean 8 : 44. Jean enseignera la même chose : « Quiconque hait son frère est un meurtrier, et vous savez qu’aucun meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui. » 1 Jean 3 : 15.
Satan hait Dieu, il le hait au point d’avoir crucifié Jésus. Il déteste l’église du Christ, et l’a toujours persécutée ; il hait les ministres du Christ et fait tout son possible pour leur faire du mal afin de les neutraliser ; il hait la doctrine du Christ, et concentre tous ses efforts pour la détruire.
Il hait les commandements de Dieu, ainsi il fait tout pour les faire apparaître comme inutiles et abolis pour les chrétiens. Il déteste ceux qui se mettent au service de Dieu, il n’est donc pas surprenant que les croyants sincères soient si éprouvés. La prophétie nous dit que Satan dirigera ses attaques finales contre le reste du peuple de Dieu et cherchera à le détruire, (Apocalypse 12 : 17) mais le Seigneur sera notre bouclier et notre rempart. En comparant les Juifs qui le haïssaient tout comme Satan, Jésus affirmait une vérité indéniable : celui qui hait décide d’imiter Satan.
Ces arguments bibliques irréfutables nous amènent à une conclusion claire : Pour nous les humains il est plus facile de haïr que d’aimer ; de penser du mal des autres que de penser du bien. Nous sommes extrêmement vulnérables à la critique et au mépris. Si notre tendance était vers le bien par nature, alors le bien prévaudrait dans le monde et non le mal comme jusqu’à maintenant.
Exemple bibliques
Dans l’histoire de l’humanité, nous trouvons des preuves solides pour démontrer que la haine est mortelle. Elle est à la racine de beaucoup de guerres et de conflits, d’atrocités, de génocides, de discordes et de luttes. La haine divise les amis, les familles, les mariages, les gouvernements, la société et même l’église. Un cas biblique bien connu est celui de Saül et de David. Le roi Saül avait au début une bonne relation avec David. Celui-ci jouait de la harpe pour le roi et avait apporté la victoire aux armées d’Israël face au Philistin Goliath. Au début le roi le traitait d’une façon très respectueuse : « David arriva auprès de Saül, et se présenta devant lui ; il plut beaucoup à Saül, et il fut désigné pour porter ses armes. Saül fit dire à Isaï : Je te prie de laisser David à mon service, car il a trouvé grâce à mes yeux. » 1 Samuel 16 : 22.
Lorsque David alla combattre le géant Philistin : « Saül donna ordre de le revêtir de son armure. » – Patriarches et prophètes, p. 630. Il avait souhaité que le jeune David ait du succès dans son entreprise et avait exprimé son désir qu’il soit béni par Dieu : « Et Saül dit à David : Va, et que l’Eternel soit avec toi ! » 1 Samuel 17 : 37. Après la victoire : « il fut mis par Saül à la tête des gens de guerre, et il plaisait à tout le peuple, même aux serviteurs de Saül. » 1 Samuel 18 : 5. Mais le diable avait un plan pour remplir de haine le coeur du roi. Rappelons-nous ce qui a été dit précédemment, que la haine est autodestructrice, un des poisons les plus puissants qui existent pour détruire une personne. Par conséquent nous devons être sur nos gardes car l’ennemi a des plans spécifiques pour détruire l’amour entre frères et soeurs, entre les conjoints, les amis … Il veut introduire la haine dans l’église et nous ne devons pas le lui permettre.
En revenant de la bataille dans laquelle David avait battu Goliath : « … les femmes sortirent de toutes les villes d’Israël au-devant du roi Saül, en chantant et en dansant, au son des tambourins et des triangles, et en poussant des cris de joie. Les femmes qui chantaient se répondaient les unes aux autres, et disaient : Saül a frappé ses mille, et David ses dix mille. » 1 Sam. 18 : 6, 7.
Quel fut le résultat de cette action imprudente des femmes ? « Et Saül regarda David d’un mauvais oeil, à partir de ce jour et dans la suite. » 1 Samuel 18 : 9.
Dans les deux versets suivants nous lisons qu’un jour le roi Saül essaya de tuer David, alors que celui-ci jouait de la harpe pour le roi. Quelle horreur ! Il voulait le tuer, quel changement brutal dans sa relation avec le jeune David. La haine du roi Saül envers David était-elle justifiée ? Pas du tout ! C’était une décision que le roi prit dans son esprit. Il décida de haïr le jeune homme qu’il avait aimé auparavant. En réalité, la haine de Saül naquit comme un résultat de la jalousie ; il avait été consacré par Dieu, alors le monarque n’aurait pas dû être troublé par ce chant. Le roi Saül fit tout son possible pour détruire David, il décida d’abriter la haine dans son coeur et cela teignit le reste de sa vie de la couleur de la défaite. Il en était venu à commettre des actes extrêmement odieux.
Quand un individu décide de cultiver la haine dans son coeur, il fera tout pour nuire au sujet haï : Des commentaires cinglants, moqueurs, ironiques … La critique envers la personne haïe sera toujours dans son esprit et dans sa bouche. Il cherchera à la discréditer, à l’attaquer, à défigurer son caractère. N’avons-nous pas parfois été témoins ou protagonistes de telles affaires ? Ne l’avons-nous pas déjà observé dans l’église ? Allons-nous faire tout notre possible pour nous éloigner de ce mauvais esprit ?
Vaincre le mal par le bien
Mais David ne perdit jamais son nord spirituel, il resta toujours humble et soumit son cas à l’Eternel en décidant de n’avoir aucune haine dans son coeur envers le roi. Il pratiqua ce que l’apôtre Paul enseignerait plusieurs siècles plus tard : « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais surmonte le mal par le bien. » Romains 12 : 21. David eut plusieurs occasions en or pour se venger du roi ; il aurait pu le tuer, le faire prisonnier ou lui faire du mal mais l’histoire biblique nous dit que David, dans toutes ces occasions avantageuses décida toujours de ne pas nuire au roi. (1 Samuel 24 : 6). Il prit la décision de ne pas se venger : « Ne vous vengez point vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez agir la colère ; car il est écrit : A moi la vengeance, à moi la rétribution, dit le Seigneur. » Romains 12 : 19.
Dans ce cas, David représente le Seigneur Jésus, notre exemple en toutes choses. Jésus enseigna au cours de sa vie que l’amour est plus puissant que la haine et que la haine elle-même est un sentiment qui tue, alors que l’amour transforme, ennoblit, rend la vie heureuse. Il laissa établi dans l’Evangile que ses disciples devaient rendre le bien pour le mal ; (1 Pierre 3 : 9 ). Voici ce que Jésus enseigna dans Matthieu 5 : 44 : « Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent. » Matthieu 5 : 44. Le Seigneur Jésus lui-même, quand il était sur la croix, pria pour ses ennemis : « Jésus dit : Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » Luc 23 : 34.
Ce n’était pas une prière théorique, quelque chose qui se fait pour démontrer une piété feinte. Cette prière venait des profondeurs de son coeur. Jésus est venu pour sauver les âmes et non pour les détruire. (Luc 9 : 56 ). Son but était de restaurer le coeur humain. Est-ce que cela était facile ? Pas du tout ! Cela était impossible sans l’aide de Dieu.
Bien que notre nature pécheresse nous mène facilement sur le terrain de la haine, nous qui sommes nés de nouveau en Christ, nous devons prier pour que le Saint Esprit nous donne son fruit : « l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur … » Galates 5 : 22, 23. Un chrétien uni au cep, qui est le Christ, ne manifestera pas les oeuvres de la chair, comme la haine, parce qu’il se trouve sous le contrôle de l’Esprit de Dieu. Quelle grande bénédiction pour un chrétien qui décide d’aimer et non de haïr ! Il se réjouit de l’Evangile, il est heureux sur cette terre, il est libéré des longues et lourdes chaînes de la rancoeur, il favorise sa santé physique et apporte la joie partout où il va. N’oublions pas que la haine est source de stress, un facteur de risque élevé pour la santé.
Quand nous pardonnons, nous exprimons l’esprit de Jésus : « lui qui, injurié, ne rendait point d’injures, maltraité, ne faisait point de menaces, mais s’en remettait à celui qui juge justement. » 1 Pierre 2 : 23. Je pense qu’il est important qu’en tant que disciples du Christ, nous apprenions à manifester son caractère dans nos vies, les traits qu’il a mis à notre disposition, lui notre substitut, notre garant et Sauveur, pour pouvoir vaincre le mal par le bien. Que Dieu vous bénisse. Amen.
(1) http://www.intramed.net/actualidad/not_1.asp?contenidoID=56681
Pasteur José V. Giner
