JEAN : DE BOANERGÈS EN DISCIPLE DE L’AMOUR

En commençant la nouvelle année la première question qui me vient à l’esprit est celle-ci : Est-ce que mon caractère a changé ou suis-je toujours le même ? C’est une question difficile avec une réponse tout aussi difficile. Pourquoi est-ce difficile ? Parce que nous êtres humains nous ne sommes pas impassibles et objectifs au moment de nous juger nous-mêmes. Ou nous nous valorisons plus que cela est nécessaire – ce que nous faisons normalement – ou nous nous sous-estimons. Que faut-il faire ? La Bible nous enseigne de chercher Dieu pour qu’il examine notre cœur  et nous montre notre véritable condition (Psaume 139 : 23, 24) ; alors seulement, si Dieu nous guide par son Saint-Esprit, pourrons-nous comprendre dans quelle condition spirituelle nous nous trouvons.

Même si nous avons progressé ou que nous nous sommes fatigués ou que nous avons reculé dans notre vie de foi, il y a une chose très claire que nous ne devons pas perdre de vue : nous sommes appelés continuellement à œuvrer pour la transformation de notre caractère, nous avons encore l’opportunité de chercher Dieu et de le laisser nous modeler jusqu’à ce que notre cœur si dur se brise et s’abandonne à l’amour divin. Nous avons donc une autre opportunité dans cette nouvelle année pour y arriver. Ne fixons pas notre esprit sur ce que nous n’avons pas fait, sur nos défaites, sur nos promesses inaccomplies, sur nos frustrations et nos batailles perdues ; regardons plutôt à Christ et permettons-lui de continuer son œuvre d’orfèvre divin dans notre cœur. Si nous le lui permettons, nous avons toutes les possibilités d’y parvenir car Jésus a promis le Saint-Esprit pour réussir cette œuvre impossible à réaliser par nous-mêmes.

C’est ainsi, cher lecteur, que l’évangile de Christ a la puissance pour transformer des vies. (1 Corinthiens 1 : 18.) Sans laisser la place au doute, c’est le plus important défi de l’existence humaine. Malheureusement le monde focalise tous ses efforts sur des objectifs qui n’ont rien à voir avec la formation d’un caractère similaire à celui de Christ. Jésus a assuré à ses disciples, ainsi qu’à nous, qu’ils allaient recevoir cette puissance : « Mais vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous. » Actes 1 : 8. La parole « puissance » dans ce texte vient du grec « dynamis », qui signifie « aptitude », « force ». Le terme « dynamite » vient du grec « dynamis », qui désigne un explosif extrêmement puissant, capable de faire disparaître une montagne et changer ainsi la topographie d’un terrain.

La seule puissance capable de transformer une vie est en Dieu, qui œuvre par son Saint-Esprit dans le cœur d’un individu, faisant de lui une nouvelle créature. (2 Corinthiens 5 : 17.) Cela fut l’expérience de Paul, qui de persécuteur des chrétiens, devint le persécuté de ses anciens frères juifs à cause du changement qui s’opéra dans son cœur. Cela fut aussi l’expérience de Jean. Quand il connut Christ, son caractère laissait beaucoup à désirer. Jésus ne choisit pas Jean parce qu’il était l’idéal pour l’œuvre qui allait lui être assignée, mais plutôt il désirait transformer son cœur pour qu’il puisse réaliser cette œuvre. C’est la même chose pour nous, Dieu ne nous attire pas à lui en vertu de nos capacités ou pertinences, mais malgré nos défauts, parce qu’il nous aime.

Jean fait la connaissance de Jésus

Jean était Galiléen de naissance, le fils de Zébédée et de Salomé. (Marc 15 : 40.) Il avait un frère qui s’appelait Jacques. (Matthieu 4 : 21.) Zébédée et ses fils étaient  pêcheurs. Ils étaient habitués à sortir en mer et à gagner leur pain quotidien. Jean avait accepté la bonne nouvelle de l’évangile par la prédication de Jean-Baptiste. (Jean 1 : 35-40.) Quand Jésus commença son ministère public, Jean et André, le frère de Simon Pierre, furent les premiers disciples qui l’acceptèrent comme le Messie. Jean suivit Christ de manière permanente quand Jésus commença son ministère en Galilée. Jésus l’appela directement, ainsi que son frère Jacques, et Pierre et André. (Luc 5 : 1-11.)

Jésus désire se faire connaitre à tout homme ; il désire avoir une rencontre personnelle avec chacun de nous et il fera tout son possible pour que cela se présente ; personne ne doit rester au dehors, dans les ténèbres de l’erreur et de l’ignorance, sans jouir de l’amour de Dieu, sans avoir expérimenté le toucher divin sur l’âme humaine. Jésus, l’Artisan divin, aime­rait nous mettre sur son établi et termi­ner une œuvre de transformation complète, il peut le faire, il veut le faire, cela dépend de notre décision… le laisserons-nous faire ?

Quelques mois après cette première rencontre, Jean deviendrait un des douze disciples qui formeraient le groupe des apôtres de Christ. (Matthieu 10 : 22.) A partir de ces instants, Jean suivit le divin Maitre, jusqu’au point de faire partie du petit groupe intime de Christ avec Pierre et Jacques. Ce fut un grand privilège pour Jean de recevoir du Maitre l’eau divine qui jaillit jusque dans la vie éternelle. (Jean 4 : 14.) Pendant plus de trois ans il marcha avec Christ et put contempler sa vie et son œuvre.

Nous, tout comme Jean, pouvons aussi entrer à l’école de Jésus. Il est vrai que Jean eut la possibilité de connaître le Maitre personnellement, nous pouvons le contempler dans les pages sacrées de la Bible, nous pouvons le connaître par la prière et la contemplation de ses œuvres créées ; nous pouvons recevoir directement de sa main l’eau qui désaltère notre soif. Le désirerons-nous ?

Jean et ses défauts de caractère

Jean ne fut pas toujours connu comme le disciple de l’amour. Quand il connut Christ et décida de le suivre, le Maitre le nomma ainsi que Jacques « Boanergès », ce qui signifie « fils du tonnerre ». (Marc 3 : 17.) Jean avait un caractère très impulsif et agressif, il était critiqueur, égoïste, défiant, « prompt à réagir face au mépris et à l’injure. » – La vie sanctifiée, p. 29.

Il discutait chaudement avec les autres disciples au sujet de qui était le plus grand ou le plus important d’entre eux, (Luc 9 : 46) ce qui signifie qu’il avait lui aussi des airs de grandeur et que son « moi » était bien au premier rang.

Il était particulier. Une fois il reprit certaines personnes qui travaillaient indépendamment, c’est-à-dire qu’elles n’appartenaient pas officiellement au groupe de ceux qui suivaient Jésus, (Luc 9 : 49) ce qui montre qu’il avait aussi cette pensée juive de ce que Dieu peut œuvrer seulement par une certaine classe de personnes en excluant toutes les autres. Il était agressif comme le montre ce passage de l’évangile qui raconte la visite de Jésus et ses disciples dans un village de Samarie dans le but de prêcher l’évangile. Quand les habitants rejetèrent Christ, Jean eut la « brillante » idée que du feu descende du ciel pour consumer ces gens. (Luc 9 : 52-56.) Surprenant Jean ! Jean était un homme brutal, violent et avait besoin d’une puissance spéciale qui transformerait sa vie. Cette puissance, cette force – dynamis – était en Christ, qui désirait le transformer tout comme les autres de ses disciples.

Serions-nous comme Jean ? Orgueilleux peut-être ? Aurions-nous tendance à critiquer les autres ? Sommes-nous blessés trop facilement par les actions des autres ? Sommes-nous agressifs, violents et impulsifs ? Libertins et égoïstes ? Cela importe peu ce que nous sommes, ce qui importe c’est ce que Jésus peut faire pour chacun de nous. Il a la puissance pour transformer les vies. Le laisserons-nous le faire ?

Jean et sa transformation

La transformation de Jean ne s’opéra pas du jour au lendemain, ce fut un processus. Il entra volontairement à l’école de Christ tout comme les autres disciples. Ce processus est connu comme la sanctification. Jésus était le Maitre et eux les étudiants. La matière que Christ enseigne a une telle profondeur qu’elle peut transformer la vie de ses étudiants, et sa méthodologie n’a aucune comparaison, n’importe quel étudiant peut finir son cursus avec les meilleures notes. Voulons-nous être des étudiants à l’école de Jésus ?

De nos jours l’attitude de l’étudiant a une grande importance. Il y a des étudiants qui passent des heures les yeux levés au plafond ou avec la tête dans la lune pendant que le professeur parle. Des années peuvent passer et ils n’ont encore rien appris. D’autres, au contraire, peuvent absorber la matière de telle manière qu’en peu de temps ils en savent autant que leur professeur et même plus. Il y a trois conditions fondamentales pour apprendre à l’école de Christ et recevoir la puissance du Saint-Esprit ; Jean le savait et l’appliqua dans sa vie. Voyons ces trois conditions ou éléments fondés sur la Bible et l’Esprit de prophétie :

Premier élément : Être préparé à reconnaître ses propres erreurs : « Qui connaît ses égarements ? Pardonne-moi ceux que j’ignore. » Psaume 19 : 12. « Ceux qui étaient prêts à voir leurs propres défauts … en avaient l’ample opportunité. » – La vie sanctifiée, p. 31. Voici la première condition, reconnaître nos péchés. (Proverbes 28 : 13.) Le cœur naturel ne peut pas faire cela, seulement le cœur qui est guidé par l’Esprit de Dieu. Quand nous voyons notre condition pécheresse, les terribles défauts de notre caractère, nous avons déjà fait le premier pas pour obtenir la transformation du caractère, car seul celui qui reconnait qu’il est malade cherche le remède pour sa guérison.

Deuxième élément : Ressentir un vif désir d’améliorer son caractère : « Comme une biche soupire après des courants d’eau, ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu ! Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant. » Psaume 42 : 1, 2. « Ceux qui…anxieux d’améliorer leur caractère, en avaient l’ample opportunité.. » – La vie sanctifiée, p. 31.

Cela ne sert à rien de reconnaître notre culpabilité et nos défauts si nous ne sommes pas d’accord avec la deuxième condition. Satan reconnait qu’il vit dans la rébellion, mais il décida que son hostilité envers Dieu devait être perpétuelle. Si nous voyons nos fautes, demandons à Dieu qu’il nous donne le « vouloir » de changer, le véritable repentir, le désir d’être différents, de conformer notre caractère à l’image du doux Jésus. (Philippiens 2 : 13.) Ainsi, comme Satan mit dans notre cœur le désir de pécher, Jésus mettra dans notre esprit la volonté de vouloir vivre en sainteté.

Troisième élément : Profiter de chaque leçon que Christ nous donne : « Je serre ta parole dans mon cœur, afin de ne pas pécher contre toi. » Psaume 119 : 11. « Jean sentit l’importance de cette leçon et en bénéficia. » – La vie sanctifiée, p. 29. La troisième étape est la conversion, c’est-à-dire, vivre d’une manière différente, rejeter le mal, prendre les expériences bonnes ou mauvaises et les utiliser pour croitre. Chaque chose qui nous arrive contribue à notre bien si nous apprenons la leçon. Pierre nia son Maitre, bien qu’il eût assuré qu’il ne le ferait pas. Au lieu de s’enfoncer dans la dépression et le désespoir, il décida de se repentir et de suivre à nouveau le bien-aimé Christ Jésus, mais cette fois avec une autre attitude. Une partie du repentir sincère est un changement de vie.

Jean et son témoignage

Au fur et à mesure que Jean buvait à la source de la sagesse de son Maître bien-aimé, il obtint l’éducation la plus élevée et son caractère se transforma. Nous n’avons qu’à lire ses épitres pour le confirmer. (1 Jean 4 : 4-11.) De Boanergès il se convertit en  disciple bien-aimé, ou disciple de l’amour. (Jean 21 : 20.) Quand Christ fut arrêté, Jean le suivit jusqu’au palais du souverain sacrificateur et il ne fut pas honteux qu’on le reconnaisse comme le disciple de celui qui était considéré comme un séditieux, en contraste avec Pierre qui se cacha et voulut passer inaperçu.

Jean fut à côté de la croix et Jésus lui confia le soin de sa mère. (Jean 18 : 15 ; 19 : 26.) En recevant la nouvelle que le tombeau de Christ était vide, très tôt le matin du premier jour de la semaine, il courut au sépulcre pour vérifier et y arriva avant Pierre. (Jean 20 : 1-10.) Jean contempla Christ ressuscité et vit aussi comment il monta au ciel avec la promesse de son retour. Après l’ascension, Jean et les autres disciples restèrent dans la chambre haute à Jérusalem persévérant tous ensemble dans la prière. (Actes 1 : 13, 14.) Jean et les autres disciples reçurent la puissance – dynamis – du Saint-Esprit avec la pluie de la première-saison, (Actes 2 : 1-4) qui leur donna la capacité de prêcher l’évangile.

Conclusion

Le caractère de Jean passa par une véritable transformation. Il consacra sa vie à contempler Christ. Il comprit que le caractère est l’œuvre de toute une vie, que nous pouvons posséder de tout mais si nous n’arrivons pas à imiter Christ, nous serons les personnes les plus misérables et tout ce que nous possédons ne nous servira à rien.

Jean fut exilé sur l’île de Patmos pour faire taire sa voix, mais c’est là justement que Dieu lui révéla le plus beau livre qui existe au monde : L’Apocalypse. Jean fut jeté dans un chaudron plein d’huile bouillante et même là il ne renia pas son Seigneur et sortit miraculeusement indemne de cette épreuve. Il s’accrocha à Christ, comme celui qui s’accroche en pleine mer à une bouée de sauvetage, et obtint la victoire.

Sommes-nous capables de reconnaître Dieu même dans les pires circonstances de notre vie ? Pouvons-nous dans les moments difficiles, entendre sa voix et valoriser ce qu’il a fait pour nous ? La vie de Jean fut une bonne odeur et jusqu’à nos jours elle témoigne de la puissance de l’évangile.

Voulons-nous être transformés durant cette nouvelle année comme Jean, de Boanergès en un disciple de l’amour ? Voulons-nous que nos imperfections soient brûlées par Christ sur l’autel de l’abnégation ? Voulons-nous véritablement devenir une nouvelle créature ? Que le Seigneur nous aide à imiter Jean dans sa fidélité et son exemple, et nous pourrons ainsi refléter l’image de Jésus dans notre vie tout comme Jean, qui de Boanergès fut transformé en disciple de l’amour. Que Dieu vous bénisse. Amen.

Pasteur José V.Giner