LE SENTIMENT COMME GUIDE

Un frère me parla de ses sentiments sur un sujet particulier. Cela m’amena à penser qu’il y avait un grand gouffre entre ce qu’il ressentait et ce qu’il devait faire. Cette situation n’est pas rare, car il nous arrive très souvent à nous les chrétiens, même si cela ne se voit pas, que si nous n’apprenons pas à discerner ce que nous devrions faire ou penser et ce que nous ressentons et devrions faire ou croire, nous pouvons nous trouver pris dans les filets d’un dilemme, d’un conflit, de la frustration, du découragement.

“Ressentir” c’est percevoir par les sens. Nous pouvons ressentir le froid, la faim, la soif, etc. Un autre sens de “ressentir” serait d’expérimenter quelque chose psychiquement : ressentir la joie, la peine, la peur, etc. Nous pouvons par nature posséder un caractère émotionnel, ce qui signifie que nous ressentons facilement l’embarras de notre humeur, la confusion, l’agitation, ou que nous nous émotionnons plus facilement que d’autres dans certaines situations.

Les sentiments sont trompeurs

Ce n’est pas mauvais d’avoir des sentiments ou des émotions, car alors nous serions comme des pierres ou des machines. Dieu nous a dotés d’un cœur sensible. Le problème est que notre nature est pécheresse et les sentiments et les émotions ne sont pas un guide certain pour notre vie de foi.

Elie, le grand héros du Carmel, céda au découragement sous le poids de la peur que lui inspira une reine païenne. « Il s’assit sous un genêt, et demanda la mort, en disant : C’est assez ! Maintenant, Eternel, prends mon âme, car je ne suis pas meilleur que mes pères. » 1 Rois 19 : 4.

Le même homme un peu auparavant, avait été un instrument de la justice divine ; il avait démasqué les faux prophètes de Baal ; il s’était moqué de ceux qui criaient et se contorsionnaient pour appeler le feu du ciel, ce même homme s’effondra psychiquement et voulut mourir.

Samson se laissa emporter par une forte émotion quand il vit la femme philistine. (Matthieu 13 : 1-23). Suivons la semence qui est tombée sur un sol qui était agréable à ses yeux. Il ignora tous les avertissements de ses parents ; tout simplement il décida qu’il allait la prendre pour femme parce qu’elle lui plaisait et cela était suffisant. (Juges 14 : 3).

La parabole du semeur

Dans la parabole du semeur, celui-ci lance la semence et elle tombe dans différentes sortes de terrains rocailleux. Comme nous le savons, la semence représente l’Evangile et le terrain le genre de personne qui le reçoit. Le sol pierreux représente ceux qui sont guidés par des émotions et des sentiments. Sous l’influence de l’émotion les gens acceptent l’Evangile, cela leur semble être une bonne décision, c’est beau, c’est agréable à l’oreille, convainquant, mais quand viennent les épreuves, comme ils ne sont pas édifiés sur le fondement des principes solides émanant de la Parole de Dieu, mais sur le terrain mouvant des sentiments, ils n’ont pas de racines et se découragent, abandonnant ce qu’ils avaient auparavant accepté avec joie. (Matthieu 13 : 21).

Construire sur des principes

Dans la vie chrétienne, le meilleur chemin est de soumettre nos sentiments et nos émotions à la Parole de Dieu et non le contraire. Expliquons-nous. Il se peut que parfois on ne ressente pas le besoin de prier pour diverses causes ; les sentiments nous disent de prier à un autre moment. Toutefois, le principe nous montre une direction claire : “Je dois prier, même si je n’en ai pas envie”, parce que la Parole dit : « Priez sans cesse » (1 Thessaloniciens 5 : 17).

Un autre exemple : Il se peut que nos sentiments nous disent qu’aujourd’hui n’est pas le meilleur jour pour aller au culte, parce que nous sommes fatigués, parce que nous n’avons pas envie, parce que ce serait mieux de rester à la maison, etc. Mais le principe, l’aiguille de la boussole qui nous montre toujours le Nord, dit : « N’abandonnons pas notre assemblée, comme c’est la coutume de quelques-uns ; mais exhortons-nous réciproquement, et cela d’autant plus que vous voyez s’approcher le jour. » Hébreux 10 : 25.

Un autre exemple : Vous pourriez éprouver ce que certaines personnes ressentent parfois quand elles ont passé une journée dans une autre église : “Je ne me suis pas senti très proche de Dieu aujourd’hui. Quelque chose m’a manqué. La musique n’a pas été aussi passionnante comme dans l’autre église que j’ai visitée. Il manquait au prédicateur un peu d’éclat et d’émotion.” Certains mouvements chrétiens fondent leur expérience chrétienne sur les émotions et il est tout à fait normal de les entendre dire : “J’ai ressenti tel ou tel sentiment” “Je me suis senti très bien” “J’ai senti la présence de l’Esprit”. Lorsqu’ils visitent d’autres églises où la musique n’est pas assez rythmée, où les cantiques, les prédications touchant les sentiments et suscitant l’excitation manquent, leur conclusion est que là ils n’ont pas ressenti Dieu.

« … Ils exagèrent leurs émotions, leurs expressions de ferveur, leur exaltation. Leur religion est faite de sentiments et d’excitation. » – Pour mieux connaître Jésus-Christ, p. 135.

« Les sentiments ne sont pas fiables du tout. Une religion qui se nourrit et ne survit que grâce aux émotions, est sans valeur. La Parole de Dieu est le fondement sur lequel nos espoirs peuvent se reposer sûrement, et nous sommes affermis, fortifiés, établis et accrochés au Rocher éternel, à travers la confiance que nous avons dans la Parole de Dieu. » – Cada Día con Dios, p. 156.

Ces textes de l’Esprit de prophétie montrent clairement que dans notre pèlerinage vers la patrie céleste, il y a des signalisations qui marquent le chemin. Ces poteaux indicateurs ne sont pas les émotions et les sentiments, qui, bien qu’ils puissent être bons, ne doivent pas être notre boussole. Les signalisations qui nous guideront de manière précise sont les enseignements qui découlent de la Parole de Dieu. « Ta parole est une lampe à mes pieds, et une lumière sur mon sentier. » Psaume 119 : 105.

Ce n’est pas la tradition, ce n’est pas la philosophie, ce n’est pas mon expérience, ce n’est pas ma professionnalité, ce n’est pas ma position sociale, ce n’est pas la politique, ce ne sont pas mes sentiments ou mes émotions, c’est Dieu à travers la Bible, c’est sa volonté révélée dans les pages sacrées qui doivent nous guider. Nous devons apprendre à compter sur notre expérience chrétienne de la grâce divine du Christ, qui est le résultat de l’acceptation des principes énoncés dans la Parole de Dieu. Un “Ainsi parle le Seigneur” doit être notre mot d’ordre. « Il faut faire le bien parce que c’est le bien, et laisser à Dieu le soin des conséquences. » – La tragédie des siècles, p. 499.

Jésus est notre exemple. Quand il vivait le pire moment de sa vie, ses sentiments humains le conduisirent à exprimer un vif désir de demander à son Père de le délivrer, si cela était possible, de boire cette coupe si amère de la croix. Trois fois il pria pour la même chose (Matthieu 26 : 36-46), et trois fois il conclut qu’il était préférable d’accepter la volonté du Père : « Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » Matthieu 26 : 39. Quelle était la volonté de son Père ? Quelle devait être sa mission comme Rédempteur de l’humanité ? Qu’il fût l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. (Jean 1 : 29).

Vous voyez ? Notre bien-aimé Jésus-Christ ne s’est pas laissé emporter par l’accumulation des émotions et des sentiments qui l’assaillirent au moment le plus décisif de son ministère, ce que nous faisons la plupart du temps. Quand  nos sentiments et nos émotions nous montrent une certaine direction, c’est là que nous allons. Mais il ne devrait pas en être ainsi. Le Sauveur trouva dans son âme le véritable but de sa vie. Il tourna son regard vers la volonté souveraine de Dieu exprimée dans la Parole éternelle et exerça sa volonté dans la bonne direction. Il décida d’aller jusqu’au bout avec la puissance reçue du Père.

La force divine contre la force humaine

Dans la vie chrétienne, nous nous trouvons tous les jours dans des situations ou des moments où nous devons décider. Ces décisions doivent être fondées sur nos principes comme il a déjà été dit. La bonne nouvelle est que Jésus ne nous laisse pas seuls dans cette tâche ardue. Il a promis d’être toujours avec nous. (Matthieu 28 : 20). Et plus encore, il a promis de nous aider et nous donner la force que nous ne possédons pas par nature : « Au reste, fortifiez-vous dans le Seigneur, et par sa force toute-puissante. » Ephésiens 6 : 10.

C’est sa “force” qui œuvrera en nous, si nous nous décidons pour le bien, c’est “sa” force qui agira en nous et par nous, si nous choisissons de demeurer dans la volonté du Père qui est exprimée dans la Bible. Alors seulement nous pourrons nous fortifier et grandir spirituellement jusqu’à ce que nous arrivions à refléter le caractère de Jésus. « Il n’abandonnera jamais l’âme qui garde foi en lui. … » – Levez vos yeux en haut, p. 34.

Lorsque David et ses hommes revinrent au camp où ils avaient laissé les femmes et les enfants, ils constatèrent malheureusement que les Amalécites avaient fait une incursion et avaient « fait prisonniers les femmes et tous ceux qui s’y trouvaient, petits et grands. » 1 Samuel 30 : 2. C’est dans ce genre de situation, que l’on remarque de quel bois nous sommes faits. Les hommes de David, voyant ce qui était arrivé se laissèrent emporter par des sentiments de rancœur et de haine contre leur dirigeant. « David fut dans une grande angoisse, car le peuple parlait de le lapider, parce que tous avaient de l’amertume dans l’âme, chacun à cause de ses fils et de ses filles. » 1 Samuel 30 : 6.

Comme il est facile d’être emporté par une émotion ou un sentiment ! Qu’est-ce qu’ils auraient dû faire dans cette situation ? C’était normal que la tristesse et l’angoisse agressent leurs âmes ; David même pleura. (1 Samuel 30 : 4). Mais une chose est de ressentir un sentiment et une autre que ce même sentiment nous emporte. Lorsqu’on permet que l’émotion ou le sentiment nous guident au lieu que la raison soit contrôlée par la volonté de Dieu, les résultats peuvent être très négatifs ; nous l’avons vu dans le récit ci-dessus. Ces hommes fidèles à David, qui avaient partagé avec lui les bons et les mauvais moments et remarqué comment Dieu conduisait son oint, dans un  moment difficile, perdirent le contrôle et parlèrent de lapider David qui se trouvait dans la même situation qu’eux. Ils voulaient tuer David ! (1 Samuel 30 : 6). Ils auraient dû contrôler leurs sentiments.

David, au contraire, bien qu’il fût vaincu par la douleur, fit ce qu’il faut faire dans une situation de grand trouble ou de contrainte mentale : il mit toute l’affaire entre les mains de Celui qui connaît et peut toute chose : « Mais David reprit courage en s’appuyant sur l’Eternel, son Dieu. » 1 Samuel 30 : 6.

Conclusion

Nous sommes des êtres émotionnels et sensibles et il est normal que des émotions et des sentiments nous emportent chaque jour. Qui ne s’émeut pas à l’écoute des promesses de l’Evangile ou à contempler l’aube ou le crépuscule avec toutes leurs couleurs chatoyantes ? Qui peut ne pas s’émouvoir devant un nouveau-né, une belle peinture, de la bonne musique, une belle voix, un paysage extraordinaire, les hautes cimes, les bonnes actions des autres … Cela n’éveille-t-il pas des sentiments et des émotions qui nous ravissent ?

Nous ressentons aussi des émotions et des sentiments quant à l’injustice, la douleur d’autrui, le malheur, le mal, mais en aucun cas nous ne devons être dominés par la première chose que nous suggère notre esprit, parce que depuis que l’homme est tombé dans le péché, notre nature est changée et les émotions ou les sentiments ne sont plus un guide certain. Dans ces situations, nous devons demander à Dieu que son Saint-Esprit contrôle tout notre être pour ne pas faire ou dire des choses dont nous aurions à nous repentir.

Le diable essayera à tout prix de prendre le contrôle de notre esprit, causant de fausses émotions et des sentiments charnels. Ne le permettons pas, laissons la douce influence du Saint-Esprit nous conduire, faisant de la prière notre refuge et demandons au Seigneur de nous éclairer avec sa Parole, pour faire et dire ce qu’il nous inspire et non ce que notre cœur nous dit parce que « Le cœur est tortueux par-dessus tout, et il est méchant : Qui peut le connaître ? » Jérémie 17 : 9.

Voulez-vous que votre vie soit dirigée par Dieu ? Dieu est le meilleur choix. Faites cela et vous ne le regretterez pas. Que Dieu vous bénisse.

Pasteur José V. Giner