Fardeaux inutiles
Imaginons une personne qui a été emprisonnée pendant plusieurs années et qui soudain est libérée. Le condamné, étrangement, demande qu’on le charge des barreaux de sa prison et il sort de prison portant ce poids pour le reste de sa vie. En réalité il ne croyait pas qu’il était libre, que l’état ne le considérait plus comme coupable malgré qu’il ait purgé sa peine ; qu’il était totalement pardonné. Bien qu’il sortît de prison, la prison était encore en lui. Cette illustration semble absurde, mais c’est ce qui se passe dans la vraie vie et spécialement dans la vie spirituelle.
Quand je travaillais dans les tribunaux, j’y ai vécu quelques expériences très intéressantes. Je me souviens du cas d’un homme qui arriva au tribunal et qui se dirigea vers moi tout à fait par hasard. Il avait une demande bizarre, il avait été libéré de prison, mais il voulait y retourner parce qu’il se sentait mal à l’aise avec sa liberté retrouvée, comme s’il ne la méritait pas. Son long séjour en prison avait créé dans son esprit l’idée que cela devait être son état normal et non celui d’un citoyen libre. Je me souviens avoir consulté le juge à ce sujet et il m’a répondu que la cour ne pouvait pas emprisonner quelqu’un s’il n’avait pas commis un délit, puisque l’autre infraction, pour laquelle il avait fait de la prison, lui avait été pardonnée.
J’ai rencontré beaucoup de gens qui souffrent à cause des péchés qu’ils ont commis dans le passé. Je me souviens de plusieurs cas qui m’ont touché de par leur nature. J’en citerai un. Une personne qui avait accepté le Seigneur Jésus comme son Sauveur personnel m’écrivit une lettre. Dans celle-ci elle me disait qu’elle ne se sentait pas digne d’être membre du peuple de Dieu, car des années auparavant elle avait avorté. Elle avait confessé son péché plusieurs fois, mais elle ne pouvait pas le retirer de son esprit et pensait que Dieu ne pouvait pas pardonner.
Malheureusement, de nombreux cas similaires se trouvent parmi les membres de l’église. Ils ne croient pas que Dieu leur pardonne d’une manière complète et absolue ; ou alors ils croient que Dieu les a pardonnés, mais ils ne sont pas capables de se pardonner à eux-mêmes et ils portent leur vie entière les « barreaux » de l’angoisse et de la souffrance mentale. Leur phrase préférée est : « Oui, je sais que Dieu me pardonne, mais … »
Il y a un autre cas tout aussi dangereux : Des gens qui croient qu’ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent, que Dieu ne prendra pas en compte leur méchanceté parce qu’Il est un Dieu d’amour, plein de miséricorde, incapable de condamner quiconque. L’un et l’autre cas viennent de la séduction satanique qui mène l’individu à se concentrer sur sa vie d’une manière erronée, contraire au plan de Dieu.
Notre conception du pardon
Quelqu’un qui vit sa vie de foi, en portant ses péchés du passé, quand Dieu lui a déjà pardonné, le conduit au découragement. Qui s’intéresse à ce qu’il en soit ainsi ? Le diable ! Il utilise notre perception limitée et affectée par notre expérience humaine, pour nous amener à penser de cette façon. Dans la vie quotidienne, nous trouvons de nombreux cas où quelqu’un fait quelque chose de mal à quelqu’un d’autre et il répond avec la même monnaie. Dans certains pays, la légitime défense est autorisée, de sorte que si quelqu’un essaie de vous attaquer et vous le tuez ce n’est pas un crime ; ou si quelqu’un entre dans votre propriété et vous lui tirez dessus et qu’il meurt, ce n’est pas non plus un crime. Dans certains pays, la peine de mort est toujours en vigueur et malgré le repentir et la réhabilitation de l’individu comme exonératoires, il est exécuté à la date prévue.
Cette pensée que « celui qui commet un délit le paie », malgré son repentir, s’est introduite dans la religion, parce que l’Évangile n’a pas été compris. Si on nous fait quelque chose de mal, il est normal de garder rancune pendant des années et de se ruiner ainsi la vie. Certains arrivent à pardonner, disent-ils, mais ne veulent rien savoir de l’individu, c’est-à-dire ils ont pardonné, mais ils n’ont pas oublié. Ces attitudes affectent la relation avec Dieu et la perception de son pardon. Dans quel sens ? Parce que nous appliquons à Dieu les mêmes attitudes que nous adoptons avec les autres.
L’accusateur de nos frères
« Il me fit voir Josué, le souverain sacrificateur, debout devant l’ange de l’Eternel, et Satan qui se tenait à sa droite pour l’accuser. » Zacharie 3 : 1. Ce texte peut nous servir pour analyser la tactique que Satan utilise pour nous conduire dans le péché et ensuite au désespoir. Satan nous induit à pécher, fait tout son possible pour nous séduire, nous affaiblir, nous tromper, susciter le désir pour le péché et après avoir réussi à nous faire désobéir à Dieu, il nous accuse devant Lui ; c’est pour cela qu’il est appelé « l’accusateur de nos frères » Apocalypse 12 : 10.
Notons que dans ce dernier texte Satan accuse le peuple de Dieu jour et nuit, soit à tout moment. Cela signifie que dans les esprits de ceux qui ne comprennent pas l’Évangile et le caractère de Dieu, la paix du pardon n’existe pas. « ‘Or Josué était couvert de vêtements sales.’ Les pécheurs apparaissent ainsi devant l’ennemi, qui par son grand pouvoir trompeur, les a séparés de leur loyauté à Dieu. L’ennemi revêt de vêtements de péché et de honte, ceux qui ont été vaincus par ses tentations, puis il déclare qu’il est injuste que Christ soit leur Lumière et leur Défenseur. … » – Manuscrit 125, 1901.
Voilà ce que fait l’ennemi avec chaque fils et fille d’Adam jusqu’à nos jours : Tout d’abord il nous présente le péché avec toutes ses incitations et ses attraits. Il l’entoure d’une lumière vive et aveuglante, et quand la personne est tombée dans le péché, il l’accuse devant Dieu et impressionne le pécheur avec la pensée que son péché l’a éloigné de Dieu, que ses vêtements sont sales et qu’il n’est plus digne de se présenter devant le Seigneur. C’est terrible ! Mais la vision de Zacharie nous montre comment Dieu traite le pécheur repentant et cela doit être un réconfort pour chacun de nous.
Le Sauveur de l’homme
La réponse de Dieu est claire : « Vois, je t’enlève ton iniquité. » Zacharie 2 : 4. Certes, Joshua était vêtu de vêtements souillés par ses péchés, mais il est tout aussi vrai que son repentir lui a valu le pardon absolu du Seigneur. Quand nous confessons nos péchés à Dieu, une seule fois suffit et non encore et encore pour les mêmes péchés, Dieu nous pardonne en Christ (Colossiens 1 : 14). « L’iniquité est transférée à l’innocent, pur et saint Fils de Dieu ; et l’homme, sans aucun mérite, se tient debout devant le Seigneur, lavé de toute injustice, et revêtu de la justice imputée de Christ. Quel changement de vêtements que celui-ci ! » – Manuscrit 125, 1901.
Le titre de cet article est : « Quelque chose dont Dieu ne se souvient pas » Pourquoi ce titre ? Dieu pourrait-il oublier quelque chose ? Pas du tout, mais il est vrai que nous trouvons une déclaration biblique qui nous remplit d’espérance et de joie parce que OUI, Dieu oublie une chose : « Et que je ne me souviendrai plus de leurs péchés. » Hébreux 8 : 12. Oh, béni sois-tu Seigneur ! Tu oublies nos fautes et nos péchés. Ce n’est pas une contradiction, cela signifie simplement que Dieu ne tiendra pas compte de nos offenses, il passera outre et elles ne seront pas considérées au jugement, parce qu’il nous aime.
Une femme lisait un livre quand soudain elle leva la tête et les mains en s’exclamant : « Gloire à Dieu » « Gloire à Dieu ! » Les gens lui demandèrent ce qui se passait et la femme répondit : « Je viens de lire que les plaines abyssales des océans peuvent atteindre des milliers de mètres de profondeur et je me suis souvenue ce que le Seigneur dit dans Michée. C’est là où le Seigneur jettera mes péchés » : « Il aura encore compassion de nous, il mettra sous ses pieds nos iniquités ; tu jetteras au fond de la mer tous leurs péchés. » Michée 7 : 19.
La plaine abyssale est un niveau du fond de l’océan qui peut atteindre 3000 à 11.000 mètres de profondeur et il est estimé que dans les fonds les plus bas, il n’y a pas de vie à cause de la pression et de la température. Lorsque Dieu pardonne le pécheur, il jette ses péchés dans cette profondeur. Cette illustration pédagogique utilisée par Dieu, nous montre clairement qu’il oublie les péchés du coupable pour toujours et personne n’a le droit de les faire ressortir ; donc c’est une erreur de se souvenir des péchés de quelqu’un et / ou que ce même individu traverse sa vie en pensant que Dieu ne lui a pas pardonné ; l’enseignement biblique est clair à ce sujet.
Nous devons apprendre à nous débarrasser des souvenirs négatifs et amers qui nous accablent ; les péchés que nous avons faits ne peuvent plus être évités, ils ont été commis et enregistrés dans les registres du ciel. Mais il y a une promesse : « Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés, afin que des temps de rafraîchissement viennent de la part du Seigneur. » Actes 3 : 19.
Il y a quelque chose que nous pouvons faire : Prendre la ferme résolution de ne pas offenser Dieu et nous accrocher à la justice de Christ, qui non seulement conduit au repentir et à la confession mais aussi à la conversion par la puissance du Saint-Esprit. Ainsi nous éviterons que les mêmes péchés qui ont rendu notre vie amère et ont fait tant de dégâts soient écrits dans les registres célestes ; c’est seulement avec l’aide de Dieu que cette œuvre peut se réaliser.
Conclusion
Quelle merveille de savoir que Dieu pardonne nos péchés et nos erreurs ! Son cœur ne connaît pas la rancœur que nous montrons souvent envers notre prochain. Dieu est le Dieu du pardon et de la miséricorde, il se complaît à pardonner, tandis que le diable se délecte à accuser.
Assurons nos pensées sur ce principe biblique : quand Dieu pardonne, il le fait de manière absolue, parce que le garant du pécheur c’est le Seigneur Jésus-Christ, qui a versé son sang pur pour expier nos péchés. Quand Satan vient nous accuser et nous rappeler nos péchés, afin de nous décourager et nous détruire, nous devons lui dire : « Le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché. » 1 Jean 1 : 7.
Le doute à cet égard est paralysant, un désavantage dans la vie de la foi, nous ne pouvons pas continuer à douter de l’amour de Dieu. Il a promis qu’il oublie réellement nos péchés et il le fait. « Quand l’ennemi vous dit que le Seigneur vous a abandonné, dites-lui que vous savez qu’il ne l’a pas fait ; car il déclare : « Je ne te délaisserai point, et je ne t’abandonnerai point. » Hébreux 13 : 5. Congédiez l’ennemi. Dites-lui que vous ne déshonorerez pas le Seigneur en doutant de son amour. … » – The Review & Herald, 7 avril, 1904. Consolons-nous avec ces pensées. Que le Seigneur vous bénisse. Amen.
Pasteur José V. Giner
