Un message pour tous les temps
De tout temps, le message de Christ a été prêché dans ce monde par des hommes et des femmes choisis par Dieu. Chaque époque recevait la lumière de l’évangile qui était nécessaire pour son temps. Aux jours de Noé, il y avait un message spécifique du salut et de la vie éternelle avec un temps de grâce spécifique. Genèse 6 : 3. Le peuple d’Israël a contribué à donner aux nations la lumière de la connaissance du vrai Dieu (Deutéronome 4 : 6-8 ; 7 : 6), une œuvre que les Juifs auraient dû continuer au temps de Jésus (Actes 3 : 25, 26) ; mais malheureusement le peuple élu de Dieu refusa d’accepter cette responsabilité et finit en rejetant la messianité du Seigneur Jésus-Christ, la lumière du monde. Jean 8 : 12. Jésus fonda son église avec un reste du peuple juif pour continuer l’œuvre de la prédication de la vérité salvatrice à chaque nation, tribu, langue et peuple. Marc 16 : 15 ; 1 Pierre 2 : 9.
A travers les siècles et l’histoire des sept églises de l’Apocalypse, la lumière de l’évangile brilla à chaque époque, avec des instruments humains étant choisis pour cet objectif. Chaque géné- ration de l’ère chrétienne a reçu de précieux rayons de lumière avec des accents spéciaux sur les aspects du message qui étaient nécessaires pour chaque époque. Par exemple, au cours de la période de Thyatire, du sixième au seizième siècle (Apocalypse 2 : 18-29), de terribles erreurs et hérésies s’infiltrèrent dans le Christianisme, et la vérité fut foulée aux pieds et ignorée. Au cours du seizième siècle, avec le commencement de la période prophétique de Sardes (Apocalypse 3 : 1-6), des hommes de courage furent inspirés pour lutter pour la foi une fois délivrée aux saints ; ils étaient disposés à confronter la mort pour défendre et prêcher la vérité de l’évangile, souffrant une terrible opposition et une atroce persécution.
La chose la plus curieuse et, nous pouvons dire, surprenante et paradoxale est que tous ces braves réformateurs devaient faire face à un système religieux répandu qui prétendait servir Dieu et aimer Christ, tandis qu’il Le déniait par leurs actions. Ce qui ressort le plus au sujet du système papal, qui tenait virtuellement toute la puissance politique et religieuse dans la plus grande partie de l’Europe, était la défense des doctrines humaines à la place de la vérité biblique, son caractère persécutant, et son inimitié envers la sainte loi de Dieu.
Le monde connu était imprégné d’erreur, et l’intervention divine fut nécessaire pour faire face aux avances sataniques. En ce temps-là, Dieu éleva des porte-parole pour l’évangile dans différentes parties de l’ancien monde qui consacrèrent leurs vies à neutraliser l’erreur et dont les efforts par la grâce de Dieu firent que la lumière de Christ put atteindre des milliers de cœurs sincères.
La Suisse et l’influence de Zwingle
Ce fut le cas de Huldrych ou Ulrich Zwingle (1484-1531), le réformateur suisse, qui est considéré comme l’un des trois réformateurs les plus éminents avec Martin Luther et Jean Calvin. Zwingle, que nous allons considérer dans cette Lecture, naquit en 1484 à Wildhaus, Saint-Gall, Suisse. Sa famille était fortunée ce qui lui permit d’étudier dans les universités de Bâle et de Vienne pour faire une carrière en tant que prêtre, étant consacré pour la prêtrise en 1506. Il obtint le diplôme de Magister Atrium (Maîtrise es Arts). Il reçut une éducation approfondie qui inclut l’étude de la musique, de la grammaire, de la philosophie, de la théologie, etc. Luther serait consacré à la prêtrise une année plus tard. En 1518, Zwingle devint prédicateur à la cathédrale de Zurich, un an après que Luther écrivit ses 95 thèses. Il est intéressant de noter comment l’Esprit de Dieu œuvre. Zwingle s’attaqua à la vente des indulgences et influença le gouvernement à ce sujet pour expulser ceux qui les vendaient. Luther en Allemagne et Zwingle en Suisse faisaient une œuvre similaire, les deux poussés par Dieu.
Zwingle fut influencé par la pensée humaniste d’Erasme et aussi par le patriotisme suisse. Il devint professeur et fut un aumônier pour l’armée suisse pendant une courte période. Notez qu’en ce temps la Suisse était célèbre pour la formation d’une classe spéciale de mercenaires – des hommes de guerre qui pourvoyaient de bons revenus à différents cantons suisses ; en fait, Guillaume Tell était connu comme un homme de courage et de bravoure qui s’opposa à la puissance des Habsbourgs et plus tard devint une source d’inspiration pour les mercenaires. Glaris était comme une base militaire, un terrain fertile de soldats pour l’armée du pape. Pendant un certain temps, Zwingle fut poussé par l’idéal de servir le Saint Père et la Sainte Mère l’Eglise comme aumônier du pape ; mais en 1515, dans une confrontation, une dizaine de milliers de soldats suisses périrent. Ce carnage eut un impact énorme sur Zwingle et probablement influença grandement sa vue de la foi chrétienne, remettant en question la pratique de servir Christ avec des armes. En 1519, la peste balaya la ville de Zurich, et Zwingle devint gravement malade. Dans cette situation, il se cramponna à la miséricorde de Dieu et miraculeusement recouvra la santé. L’histoire dit qu’à partir de ce moment, il décida de mettre complètement sa confiance exclusivement dans le Créateur, et non pas dans des images, des saints, des reliques, ou des sacrements inventés par les êtres humains.
Lorsque Zwingle eut le privilège d’avoir les Saintes Ecritures, il les étudia avec un zèle inhabituel ; en fait, il est dit qu’il décida de copier presque toutes les épîtres de Paul et mémorisa le Nouveau Testament en grec. Il étudia également l’hébreu pour comprendre la langue de l’Ancien Testament. Il trouva dans la Bible la raison d’être de sa vie.
Il était familier avec les œuvres du réformateur Martin Luther, mais en fait Zwingle suivit une direction personnelle dans le travail de la Réforme qui commença en Suisse. Lui et le réformateur allemand avaient des points de désaccord, mais ce qui était exceptionnel à propos de ces deux hommes était leur désir sincère et profond d’apporter une réforme dans la structure religieuse de leur temps. Ils firent tous deux face à un système qui cherche à dévorer tous ceux qui ne s’y soumettaient pas ; mais, imprégné d’un zèle ardent, ils poursuivirent une œuvre qui affecta grandement la pensée de leur temps.
Quand quelqu’un examine la parole de Dieu, sans préjudice et cherche sincèrement les pierres précieuses de la vérité, Dieu se révèle à lui, selon la promesse biblique (Jérémie 29 : 13) ; seule la vérité révélée dans les pages sacrées de la Bible peut rendre libre un individu et éclairer son esprit. Jean 8 : 32. L’erreur, l’hérésie, et les mensonges enseignés au nom de Dieu détournent l’âme, l’unissent à l’obscurité, et menacent le salut éternel d’une personne. Esaïe 8 : 20. Combien il est important de s’assurer que nous nous tenons sur la plateforme de la vérité éternelle, non pas sur les traditions et doctrines humaines ! Matthieu 15 : 8, 9.
Zwingle comprit que l’église qu’il représentait et servait enseignait d’énormes erreurs. Son cœur brûlait d’une sainte ferveur, et il commença à dénoncer les coutumes et les enseignements catholiques, tels que le culte des images et la vénération des saints et des reliques ; il s’attaqua aux abus des indulgences et défendit la primauté de l’Ecriture contre le dogme catholique, comme le fit Luther, en rejetant le magisterium de l’Eglise et sa soumission à Rome. Aujourd’hui, nous voyons cela comme normal et logique, mais de son temps, c’était quelque chose de très audacieux et dangereux qui était un risque pour la vie d’une personne. Néanmoins, tel est le cœur inspiré par Dieu et incité par sa parole ; rien ni personne ne lui fait peur.
On ne peut pas accuser les réformateurs d’être des séparatistes et des fanatiques ou de vouloir commencer leurs propres églises, parce que ce n’était pas leur objectif initial. Lorsque le levain de la vérité pénètre dans le cœur, il ne peut pas être indifférent aux abus, aux erreurs et aux fausses doctrines. Se conformer au système et s’y adapter est synonyme d’y participer ; par conséquent, le message universel et éternel qui doit être appliqué à tout mouvement qui n’élève pas la vérité comme indiqué clairement dans l’Apocalypse est : « … Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin de ne pas vous rendre complices de ses péchés, et de ne pas avoir part à ses plaies. » Apocalypse 18: 4.
« Ceux qui n’ont pas le courage de condamner le mal, qui sont trop indolents ou trop indifférents pour purifier leur famille, ou l’Eglise de Dieu, sont responsables des conséquences de leur insouciance. Les maux que nous pourrions réprimer par notre autorité paternelle ou pastorale nous sont imputables au même degré que si nous en étions les auteurs. » – Patriarches et Prophètes, p. 566.
« De même que celui qui était la lumière et la vie des hommes fut rejeté par les autorités ecclésiastiques aux jours du Christ, de même il a été rejeté au cours de toutes les générations suivantes. … Quand les réformateurs ont annoncé la Parole de Dieu ils ne songeaient nullement à se séparer des églises établies ; mais les conducteurs religieux ne voulaient rien savoir de la lumière, de sorte que ceux qui en étaient les porteurs durent s’adresser à une autre classe avide de vérité. De nos jours ils sont rares, parmi les humains, ceux qui font profession de suivre les réformateurs, ceux qui sont animés de leur esprit. Rares sont les personnes qui écoutent la voix de Dieu, prêtes à accepter la vérité d’où qu’elle vienne. Ceux qui marchent sur les traces des réformateurs se voient souvent forcés d’abandonner les églises qu’ils aiment afin de pouvoir librement enseigner les claires vérités de la Parole de Dieu. Et il arrive souvent que ceux qui cherchent la lumière se voient contraints par ce même enseignement à quitter l’église de leurs pères pour obéir à leurs nouvelles convictions. » – Jésus-Christ, p. 214.
Ce fut le cas avec Zwingle, Luther, et d’autres réformateurs qui n’avaient pas pensé quitter l’église qu’ils aimaient et servaient. Le seul désir qui les motivait était de réformer ce qui était incorrect, selon les Ecritures. Le pape Adrien VI interdit à Zwingle de prêcher ; le réformateur fut considéré comme un héré- tique ; par conséquent, en 1523, la rupture entre lui et l’Eglise catholique eut lieu.
Son œuvre d’éducation
Comme le fit Luther, Zwingle écrivit une thèse contre les erreurs de la doctrine et la pratique catholique ; le document contenait 67 points. Il y attaquait l’interdiction du mariage pour le clergé (la doctrine du célibat, point 49), en faisant valoir que le mariage était légal pour tous les hommes (point 28). Au point 3, il insista sur le fait que seul le Christ est la voie du salut éternel, rejetant tout autre intercesseur. Pour Zwingle, seul Dieu peut pardonner les péchés par Jésus-Christ (point 50) ; en outre, le réformateur nia l’existence du purgatoire, en disant qu’il n’avait aucun fondement biblique (point 57), et encouragea tous les chrétiens à répandre la lumière de l’évangile dans le monde entier (point 14), entre autres choses. Zwingle fut d’accord avec Luther que l’autorité suprême est l’Ecriture.
Il convient de noter que son désir était de donner au peuple la connaissance de la Parole de Dieu, que l’église qu’il servait leur avait refusée. Par conséquent, il échangea le latin pour l’allemand dans les services religieux et traduisit la Bible dans la langue du peuple. Sa traduction est connue comme la Bible de Zurich. Son influence fut remarquablement forte en Suisse alémanique ; il fut le réformateur et le chef principal du peuple de Zurich, Berne et Bâle. Calvin plus tard ferait la même chose pour la région de langue française. Les Zwingliens et Calvinistes étaient unis au temps de la Confession helvétique.
Parmi ses différentes œuvres litté- raires, nous mentionnons en particulier le « Commentaire sur la vraie et la fausse religion » (1525), qui comprend 29 chapitres expliquant la doctrine évangélique ; cela est considéré comme le travail de base de Zwingle. Cette même année, il commença à écrire une analyse interprétative de la Bible ; et en 1531, en étroite collaboration avec Leo Jud, il publia la Bible de Zurich en allemand avec des caractéristiques particulières de la langue suisse-allemande. Une doctrine dans laquelle l’enseignement de Zwingle se démarque est celle de la Cène du Seigneur. Il rejeta l’idée de la transsubstantiation (changement de substance), qui était enseignée par l’église de Rome. Il déclara que l’on ne peut parler de la présence réelle et littérale de Jésus dans le pain et la coupe de la Cène du Seigneur. Basé sur les paroles de Jésus : « Faites ceci en mémoire de moi » (Luc 22:19), le réformateur répétait les paroles de l’apôtre Paul : « … Prenez, mangez : ceci est mon corps, qui est rompu pour vous ; faites ceci en mémoire de moi. De même aussi après le souper, il prit la coupe, en disant : cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci toutes les fois que vous en boirez, en mémoire de moi. » (1 Corinthiens 11 : 24, 25. Version David Martin 1707) ; il conclut à juste titre que la Cène du Seigneur n’est pas une répétition du sacrifice du Christ, mais une « commé- moration », un rappel de son sacrifice. Conformément à ce principe, Zwingle expliqua que les paroles de Jésus : « Ceci est mon corps, » signifiaient « Ceci représente mon corps. » Il confirma également cela en disant que le Sauveur a souvent utilisé le verbe « être » au sens figuré, comme quand il dit : « Je suis le pain de vie », « Je suis la lumière du monde », « Je suis la porte », « Je suis le chemin » et « Je suis le cep ». En fait, à ce sujet, il avait plus de lumière que Martin Luther n’en avait.
Se référant à cette cérémonie sacrée, l’Esprit de prophétie déclare : « La signification des symboles de la maison du Seigneur est simple et facile à comprendre, et les vérités qu’ils expriment ont pour nous un sens profond. En instituant le sacrement qui devait remplacer la Pâque, le Christ a laissé à son Eglise un mémorial du grand sacrifice qu’il a consenti en faveur de l’homme. ‘Faites ceci, dit-il, en mémoire de moi.’ » – Evangéliser, p. 248.
La mort frappa Zwingle en 1531 à la bataille de Kappel, où il servait comme prédicateur pour les troupes de Zurich lorsque les six cantons protestants suisses luttèrent contre cinq cantons catholiques suisses. L’influence de ce réformateur fut très importante et affecta la politique et la religion du pays jusqu’à aujourd’hui. Les Protestants en Suisse sont le deuxième groupe religieux plus important après les Catholiques. Le protestantisme en Suisse moderne accorde une grande importance au travail diligent et attribue sa prospérité matérielle à la grâce divine, choses que le grand Réformateur Zwingle souligna.
Notre temps et notre défi
Nous voulons insister sur le fait que les grands réformateurs n’étaient pas des gens parfaits. Dieu les a choisis malgré leurs imperfections, à cause de leur zèle spirituel. Dieu ne choisit pas des hommes et des femmes parfaits pour faire son œuvre, mais il fait son œuvre au travers de gens qui, en dépit de leur faiblesse, se placent dans ses mains pour être formés. La gloire appartient complètement à Dieu ; l’instrument humain doit rester silencieux, caché sous les ailes du Tout-Puissant, son travail n’étant qu’ainsi efficace. Zacharie 4 : 6 ; Ephésiens 2 : 8, 9.
Il est vrai que certaines actions des réformateurs nous surprennent, et ils ne prêchèrent pas toute la vérité que nous connaissons aujourd’hui, comme le sabbat, la réforme sanitaire, le pacifisme, le jugement investigatif, etc. ; mais ils proclamèrent la lumière qui était nécessaire pour ce tempslà. Ils défendirent ardemment ce qui alors était nécessaire, en particulier la doctrine de la justification par la foi. Le monde est en train de mourir par manque de cette lumière, et ils ont terminé leur œuvre. D’autres doivent continuer l’œuvre jusqu’au milieu du jour. Proverbes 4 : 18.
Aujourd’hui, le peuple de Dieu doit prêcher le triple message angélique. C’est son message pour un monde qui touche à sa fin (Apocalypse 14 : 1-13) ; c’est le message éternel, la vérité présente (Apocalypse 14 : 6), mais avec une application spécifique à notre époque ; il comprend des vérités oubliées et déformées et invite les gens à prendre leur place parmi le reste du peuple de Dieu, qui élève les commandements de Dieu et la foi de Jésus. C’est un dernier appel à la repentance et une occasion de monter à bord de l’arche de salut.
Pierre Valdo, Wycliffe, Jean Hus, Jérôme, plus tard Zwingle, Farel, Calvin, Luther, Melanchthon, Knox, Tyndale, et d’autres ont ouvert la voie pour la Réforme finale ; c’est à nous de finir ce qu’ils ont commencé. Le travail est énorme et complexe ; mais il est nécessaire et urgent, car nous sommes au seuil de l’éternité. En dépit d’être un peuple petit et insignifiant en Suisse, le Mouvement de Réforme Adventiste doit encore beaucoup aux héros de la foi, ayant reçu le bâton dans la course de relais spirituelle. Nous ne sommes pas seuls. Comme les réformateurs, nous avons l’aide de notre Dieu. Deutéronome 31: 8. Il apporte à sa fin son œuvre finale et nous donne le privilège de coopérer avec lui.
Chacun de nous, peu importe dans quel pays nous sommes, sera pesé dans les balances du sanctuaire, et le résultat de notre travail se verra à la fin. Notre prière à Dieu est que nous soyons trouvés justes par les mérites de Jésus-Christ. Je vous invite à continuer à bâtir sur le fondement qui a été posé (1 Corinthiens 3:10, 11), car beaucoup d’âmes doivent recevoir le message d’avertissement. Que le Seigneur bénisse tout son peuple. Amen !