Souvenirs d’antan
Je me souviens comme si c’était hier, quand j’avais treize ans, mon père nous avait fait la surprise de ramener à la maison une télévision en noir et blanc. Nous étions une famille catholique, de condition humble et cette acquisition fut une révolution pour nous. Jusque-là, dans le village où nous vivions, il n’y avait que quelques postes de télévision. Un voisin en avait acheté un avant mon père et il avait la gentillesse d’ouvrir sa porte le soir et de laisser tous les enfants du quartier regarder quelque chose d’innocent. Pour nous, c’était un miracle de la technologie moderne. Il y avait deux chaînes de télévision : La 1 et la 2 ; et à minuit le programme se terminait par l’hymne national. Passé cette heure, il n`y avait plus rien.
Quant au téléphone, nous avons été les premiers à en avoir un dans les années soixante dix. Lorsque nous voulions faire un appel, il y avait d’abord une opératrice ; la dame demandait le numéro que nous voulions appeler et elle nous connectait. Les premiers téléphones mobiles n’arrivèrent que des décennies plus tard ; nous avions également un tourne-disque, un magnétophone ; puis vint la vidéo, la télévision en couleur, la calculatrice électronique, etc. L’ère de la communication arrivait à grande vitesse et nous restions tous bouche bée.
La transmission de l’Evangile
L’œuvre de transmettre la révélation s’est faite à la main pendant de nombreux siècles. Les scribes étaient responsables de la copie des textes sacrés ; ils le faisaient avec une plume d’oie, à laquelle on faisait une entaille en diagonale à son extrémité, la remplissant avec de l’encre. Ce processus de copie était très lent. Il suffit de citer l’exemple d’un prince italien, qui au XIVe siècle, avait embauché 45 copistes pour qu’ils remplissent sa bibliothèque de livres. Ils ont travaillé pendant deux ans et leur production atteint 200 volumes sur divers sujets. Pouvez-vous l’imaginer ? Deux cents livres en deux ans ! Aujourd’hui cela se fait en quelques heures. Extraordinaire!
Les Vaudois du Piémont ont prêché l’Evangile avec beaucoup d’effort et même au risque de leur vie. Beaucoup ont été tués pour leur foi. Ils copiaient des fragments de la Bible à la main et de manière clandestine ils les distribuaient aux gens. Au moment de la Réforme, la distribution de la page imprimée requérait également de grands efforts et la production était toujours limitée. Ce n’est qu’à l’invention de l’imprimerie qu’un changement substantiel dans la prédication de l’Evangile put avoir lieu, bien que ce ne fût pas encore facile d’acquérir la Bible, ni les livres qui la commentaient ; seuls les gens riches pouvaient se permettre de les acheter. Avec le temps les choses ont changé et le développement technologique a pu mettre les pages sacrées à la portée de beaucoup de gens.
Au début des années quatre-vingt, j’ai connu le message de la Bible qui aujourd’hui encore remplit mon cœur. Je me souviens que nous avions publié un journal en Espagne pour les membres de l’église, intitulé « Maranatha ». Je préparais la plupart des textes, des nouvelles et des faits intéressants ; certains frères collaboraient, écrivant des expériences et des articles. Je faisais tout sur une machine à écrire que mon père m’avait achetée quand j’étais très jeune. J’assemblais les illustrations et les photos puis je les coupais et les collais à l’endroit où ils devaient être dans le texte. Quand tout était assemblé, je faisais des photocopies et ainsi sortait un magazine assez bien fait, tout en noir et blanc. Avant que la machine à photocopier ne fût inventée, nous envoyions les cours bibliques par correspondance accompagnés d’une lettre que nous préparions à la machine à écrire et du papier carbone pour en avoir plusieurs copies. Chaque fois que nous répondions à la leçon, il fallait écrire une autre lettre et nous l’envoyions par la poste avec quelques commentaires et des précisions. Nous avons travaillé ainsi pendant des années. Ce système nous semble archaïque maintenant, mais si nous y pensons, c’était très moderne en ce temps-là ; il suffit de penser au trajet de la publication de la page imprimée.
Puis vint l’ordinateur qui a changé notre façon de travailler. Je me souviens que j’ai dû apprendre le système opératoire MS2, avec toutes ses commandes et ses possibilités. Puis vint l’imprimante laser qui a été une bénédiction parce que nous pouvions produire du matériel de qualité sans nous adresser à un professionnel. Cela a grandement facilité le travail missionnaire. Ainsi nous avons créé un autre journal intitulé « Partage » qui ne prenait que la moitié du temps pour le faire et avec une présentation de qualité supérieure, pour le plus grand plaisir de tous. C’était facile de placer les photos, de composer le texte comme nous le désirions avec le style de lettres qui nous plaisait, d’orner les pages avec des conceptions différentes … vraiment les possibilités semblaient infinies et nous étions très contents et reconnaissants au Seigneur.
L’émergence de l’ère numérique
Avec l’avènement d’Internet et le développement de la technologie numérique, nous nous sommes rendus compte que nous avions encore beaucoup à découvrir et c’est ainsi que le paysage de la société, du travail, de la famille, de la religion et de l’éducation du monde a été révolutionné. Notre conception de la prédication de l’Evangile a subi un changement radical, en particulier pour les simples gens. L’invention du iPhon, Ipad, l’apparition de sites Web, les blogs, Twitter, Skype, Face Time, WhatsApp, l’utilisation du courriel, Facebook, etc., ont mis à notre disposition un univers de possibilités pour canaliser la Parole de Dieu vers des millions d’utilisateurs à travers le monde et avec une immédiateté étonnante.
Cela avait déjà été prédit par le prophète Daniel que la science augmenterait à la fin des temps d’une manière spéciale : « Toi, Daniel, tiens secrètes ces paroles, et scelle le livre jusqu’au temps de la fin. Plusieurs alors le liront, et la connaissance augmentera. » Daniel 12 : 4. Nous qui avons vécu une grande partie du siècle dernier nous sommes en mesure de le confirmer. En presque six mille ans d’existence de notre planète, le rythme de la vie avait été plus ou moins le même jusqu’aux deux derniers siècles. Ce monde n’est plus ce qu’il était. Les jeunes qui sont nés au cours des dernières années, sont venus dans un monde qui n’a rien à voir avec celui de nos grands-parents. La technologie a changé la perception de la vie et même la façon de vivre. Est-ce bon ou mauvais ?
Tout dépend de son utilisation
Nous savons que le problème n’est pas dans les médias mentionnés, mais dans l’utilisation qui en est faite. Un couteau peut être utilisé pour couper le pain, les légumes, les fruits ou nuire à autrui. Il en est de même avec Internet et ses possibilités.
Je pense qu’il serait important que chacun de nous réfléchisse sur la façon dont nous utilisons les médias. Par exemple, quand nous envoyons du courrier électronique ou des SMS par nos téléphones mobiles ou autres moyens, ou quand nous postons des photos sur Facebook, des sites Web, blogs et autres, pouvons-nous dire que « tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l’approbation, ce qui est vertueux et digne de louange… » Philippiens 4 : 8. Ce que nous publions dit ce que nous sommes, ce que nous croyons.
Parfois, certaines personnes qui sont membres de l’église postent sur Facebook, aux dates des fêtes de Noël, des photos de sapins décorés, des ornements et des cartes de vœux pour Noël, du père Noël ou même des allusions photographiques d’Halloween … Nous ne célébrons aucune de ces fêtes et cela donne une mauvaise impression de notre foi. Je pense que cela se fait sans y penser, d’une manière innocente, mais cela n’est pas bien. Parfois ils y mettent des photos d’eux-mêmes vêtus de façon inappropriée ou ils écrivent des commentaires disant qu’ils aiment tel ou tel chanteur à la mode, qui apparaît faisant avec les doigts le symbole satanique de la corne, tout en pensant que c’est quelque chose d’amusant. On peut voir aussi des personnages de bandes dessinées comme Pokémon ou de Walt Disney qui sont d’origine satanique, des photos de célébrités, qui, nous le savons, servent le prince des ténèbres, etc. Est-ce que cela honore Dieu ? Est-ce que cela représente notre foi ? Récemment en Espagne il y a eu une campagne pour sensibiliser les jeunes et les adultes à ne pas placer des images sur Internet, notamment sur Facebook, qui ne seraient pas appropriées. J’y ai remarqué une phrase qui disait : « Ton image sur Internet n’est pas seulement à toi, elle appartient à tous, elle appartient à tout le monde. Avant de poster ton image sur Internet, penses-y. »
Je ne le dis pas aux gens qui n’ont pas accepté notre message, c’est ainsi que le monde agit ; mais ceux qui se sont engagés pour le Seigneur par le baptême, pour le servir, l’aimer et le proclamer, répandre la lumière de l’Evangile et relever l’humanité déchue, devraient être plus prudents avec les choses qu’ils publient. Ce n’est pas une critique ni une attaque, au contraire, c’est un appel affectueux pour cesser d’utiliser ces moyens fabuleux pour diffuser du banal, des choses sans conséquence, du trivial ou même le péché, comme le monde le fait. Disons « non » et ne propageons pas ce qui n’édifie pas. « Non » pour ne pas embrouiller les gens avec notre foi indéfinie. Décidons-nous de profiter de l’occasion que Dieu nous donne avec la technologie pour l’honorer. Jésus nous a donné sa vie, que lui donnerons-nous ? Je pense que si le Seigneur Jésus-Christ vivait à notre époque, il n’utiliserait pas les médias comme beaucoup de chrétiens le font. Pensons-y un instant, comment serait son site Web ? Et son Facebook ou Twitter ?
L’apôtre Paul nous dit : « … puisque nous avons été en spectacle au monde, aux anges et aux hommes. » 1 Corinthiens 4 : 9. Je pense que ce verset a une grande application de nos jours, car les gens se font une idée de nous par la manière dont nous nous présentons. « Ils doivent laisser de côté toute trivialité ou frivolité de langage, se souvenant toujours qu’ils sont des éducateurs et que, bon gré mal gré, leurs paroles et leurs actes sont pour ceux qui les approchent, une odeur de vie ou de mort.» – Le ministère évangélique, p. 121.
Les réseaux sociaux unissent les villes, les pays et les continents de telle manière que nous pouvons communiquer par Skype (par exemple) avec des gens partout dans le monde et leur parler directement par de simples mouvements des doigts. J’en fais l’expérience en étudiant la Bible par ce moyen avec plusieurs personnes. Nous pouvons également tirer parti de notre Facebook (celui qui a une page) et y mettre des messages donnant à réflexion, qui amènent plus près de Dieu, qui exaltent le Christ, qui apportent de l’espérance, qui sèment les graines de l’Evangile. Nous pouvons écrire des promesses bibliques, des textes de l’Esprit de prophétie, des pensées nobles et encourageantes. Il y a tellement de douleur dans le monde ! Tant de gens se suicident parce qu’ils ne voient pas d’issue à leurs problèmes ! Combien de bonnes choses pouvons-nous faire à travers les médias et à faible coût ! Si nous nous unissons pour utiliser les médias avec l’aide de Dieu et l’objectif missionnaire, nous serons en mesure de faire beaucoup de bien. Paul avait cet objectif dans sa vie : « Et je me suis fait honneur d’annoncer l’Evangile. » Romains 15 : 20. C’est un devoir que nous avons reçu de Jésus. Marc 16 : 15. Les satisfactions sont très élevées et la récompense sera de voir dans l’éternité des âmes rachetées par le sang de Christ.
« L’Eglise du Christ sur la terre a été organisée avec un objectif missionnaire, et le Seigneur désire que dans son intégralité elle cherche des moyens et de l’argent pour faire entendre le message de la vérité à toutes les classes de la société. » – Service chrétien, p. 91.
Que notre cher Seigneur aide à nous tous qui avons accès à ces moyens modernes de communication, afin de les utiliser pour le glorifier et l’exalter. « Tu as été immolé, et tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, et de toute nation. » Apocalypse 5 : 9.
Que Dieu vous bénisse. Amen.
Pasteur José V. Giner